Développer une passion pour l’acériculture
Johanne Martin
Collaboration spéciale
La date du 2 août 2012 restera à jamais gravée dans la mémoire de Karine Douville. Originaire de Saint-Ubalde, la jeune femme devenait, à 32 ans seulement, propriétaire de la Sucrerie du Lac Blanc. À la tête d’une érablière qui comptait 25 000 entailles à l’époque, elle entrait dans un « monde d’hommes »… ayant presque tout à apprendre.
« J’arrivais d’un exode de quelques années au Nouveau-Brunswick, où j’étais allée parfaire mon anglais. Je menais là-bas une carrière en marketing dans une radio francophone. De retour chez nous, j’étais à la recherche d’un emploi, mais rien ne me motivait vraiment. En même temps, j’avais le goût d’entreprendre sans avoir de passion en particulier. Issue d’une famille agricole, une opportunité s’est présentée », rapporte la bachelière en administration.
Un couple qui souhaitait vendre son érablière a approché Richer, le père de Karine. Proche de la retraite, celui-ci décline l’offre pour lui-même, mais pense qu’il pourrait s’agir d’un projet intéressant pour sa fille. « J’ai décidé de plonger dans l’aventure. La propriétaire qui a vendu avec son conjoint m’a transmis toute son expertise au niveau des techniques acéricoles et voilà que la passion s’est développée. Je travaille depuis à temps plein dans l’entreprise. »
Même si son père était producteur de sirop et vendait de l’équipement de cabane à sucre, celle qui tient aujourd’hui les rênes de la Sucrerie du Lac Blanc l’avait peu accompagné en forêt durant sa jeunesse. Pour elle, tout était donc à apprendre. Maintenant, Karine emploie deux travailleurs à l’année et une vingtaine d’autres à temps partiel ou saisonniers. Elle gère les activités de sa propre exploitation et participe à celles de son père et de ses deux frères.
Continuer à agrandir
Jusqu’à il y a trois ou quatre ans, l’acéricultrice biologique admet avoir dû composer avec un certain stress financier et une insécurité liée à la main-d’œuvre. Elle s’est modernisée au fil du temps et les érablières qu’elle administre comptent actuellement plus de 80 000 entailles. Outre la vente de son sirop aux Producteurs et productrices acéricoles du Québec, elle fait aussi de la transformation. Ses produits sont écoulés sur place ou livrés aux clients.
« Je veux continuer à agrandir en achetant ou en louant des érablières et à progresser avec l’entreprise. Je m’adapte et j’ai confiance en l’avenir, termine Karine, qui a acquis la maison où ont vécu ses parents ainsi que ses grands-parents paternels. Chaque printemps marque un nouveau chapitre dans l’histoire de la Sucrerie du Lac Blanc. D’ailleurs, en 2019, le Club d’encadrement technique acéricole de Portneuf m’a décerné le prix du meilleur sirop doré. »